Pédagogies innovantes

Introduction

Depuis plusieurs années, je m’intéresse à l’innovation pédagogique et à l’apport des outils numériques dans l’enseignement. Cette passion m’a conduit à explorer différentes approches et à mettre en place divers projets favorisant l’apprentissage actif et collaboratif. Souhaitant approfondir mes compétences, j’ai suivi et obtenu en juin 2016 le Diplôme Universitaire de Pédagogie Innovante de l’Université Nice Sophia Antipolis. Cette formation m’a ensuite amené à occuper un poste de chargé de mission pour la transformation et l’innovation pédagogique, où j’ai pu accompagner et impulser des démarches innovantes au sein de l’université.

Pôle Innovation Pédagogique : https://univ-cotedazur.fr/formation/soutenir-la-transition-pedagogique

Outils pour la pédagogie

Solutions fournies par l’Université Côte d’Azur

Solutions complémentaires utilisées

Anciennes solutions

Projet d’initiation à la classe inversée

Ce projet est né de deux constats : d’une part, la présence de 120 boîtiers de votes électroniques inutilisés depuis leur achat, et d’autre part, une insatisfaction face à une partie du cours d’introduction à l’IHM du nouveau programme 2013, jugée trop descendante et peu engageante. Souhaitant redonner du sens à cette partie du cours, j’ai exploré de nouvelles approches pédagogiques et me suis intéressé à la classe inversée.

Cette méthode consiste à inverser la logique traditionnelle d’enseignement : les étudiants découvrent les notions en amont du cours, à l’aide de ressources et d’objectifs fournis, puis la séance en présentiel est consacrée à la vérification, à la mise en pratique et à la consolidation des acquis. L’utilisation des boîtiers de votes électroniques (BVE) s’est rapidement imposée comme un moyen simple et interactif d’accompagner cette démarche.

J’ai commencé par inverser une partie du cours portant sur les principes ergonomiques essentiels à la conception d’interfaces. Le contenu, bien qu’important, paraissait souvent trop théorique et « catalogué ». J’ai donc mis à disposition des étudiants le cours détaillé, des références bibliographiques, des ressources en ligne et des objectifs précis plusieurs semaines avant la séance. Pendant la séance, nous avons utilisé les BVE pour vérifier les acquis, identifier les points de blocage et ajuster les explications collectivement.

Les résultats ont été très positifs : les étudiants se sont bien approprié les notions, ont posé de nombreuses questions et ont parfois approfondi le sujet au-delà des attentes. Les retours d’évaluation du module, comme les résultats aux examens, ont confirmé la pertinence de cette approche. Fort de ces deux premières années concluantes, j’ai décidé d’étendre cette expérimentation à l’ensemble du cours, avec une intégration encore plus marquée des BVE dans les autres chapitres, afin de renforcer l’interactivité et la régularité des apprentissages.

Cependant, le remplacement progressif des BVE par des solutions numériques comme Wooclap a eu un effet plus mitigé. Bien que l’outil soit pratique et riche en fonctionnalités, son utilisation sur smartphone détourne souvent l’attention des étudiants : beaucoup en profitent pour naviguer sur d’autres applications, ce qui nuit à la concentration et à la qualité des échanges en séance. Cette évolution interroge donc l’équilibre entre innovation technologique et maintien d’une attention réellement centrée sur l’apprentissage.

Projet Officinarium

Le projet Officinarium a été conçu pour offrir aux étudiants un espace d’expérimentation technologique dédié à la mise en œuvre de projets innovants en lien avec leur formation. Cette salle, pensée comme un véritable laboratoire pédagogique, permet aux étudiants de manipuler de manière quasi autonome un ensemble d’outils et de dispositifs technologiques récents. Elle s’inscrit pleinement dans une démarche de pédagogie par projet, particulièrement adaptée à un public post-bac, et vise à favoriser une ouverture à l’innovation dès les premières années d’université. À terme, l’objectif est de développer non pas une salle unique, mais un réseau de salles complémentaires, chacune offrant des ressources spécifiques.

Financé dans le cadre du programme Pédagogies innovantes 2015 de l’Université, le projet a permis plusieurs réalisations concrètes :

À plus long terme, l’accès à la salle sera géré par badge électronique et vidéosurveillance, afin d’en faciliter l’accès et d’en sécuriser l’usage. En partenariat avec Polytech’Nice Sophia, le projet prévoit également une interconnexion avec l’Ubiquarium, leur propre salle d’expérimentation. Les étudiants pourront ainsi piloter à distance des dispositifs situés dans l’autre salle, ouvrant la voie à des projets collaboratifs multi-sites et à une initiation concrète aux technologies distribuées, telles que le cloud computing.

Projet de présentation des posters

Ce projet est né de la volonté de renforcer l’implication et la motivation des étudiants dans le cadre de leur projet tutoré du premier semestre de DUT. Intitulé Découverte, ce projet les invite à explorer, de manière autonome, un thème technique dépassant largement les connaissances enseignées au cours du semestre — et parfois même de la première année. L’objectif est de les amener à développer curiosité, autonomie et capacité d’auto-apprentissage, des compétences essentielles dans le domaine de l’informatique.

Tout au long du semestre, les étudiants réalisent quatre restitutions successives, chacune visant des objectifs différents et faisant appel à des formes de communication variées. Ils débutent par une présentation orale avec support PowerPoint afin de valider leur compréhension du sujet et la pertinence de leurs sources. Ensuite, ils produisent un mini cours audio de vulgarisation sur un aspect technique précis. La troisième étape consiste à rédiger un article web présentant l’ensemble de leur étude — les meilleurs articles étant publiés dans la vitrine des projets tutorés du département. Enfin, le semestre s’achève par une présentation publique sous forme de poster, véritable point d’orgue du projet.

L’objectif de cette dernière étape est double : permettre aux étudiants de valoriser leurs connaissances et de les partager avec un public varié, tout en expérimentant la posture de « médiateurs scientifiques ». Confrontés à des interlocuteurs d’horizons divers — experts, étudiants d’autres disciplines ou curieux néophytes — ils apprennent à adapter leur discours, à vulgariser des notions complexes et à susciter l’intérêt.

Depuis 2014, le dispositif a connu plusieurs évolutions.

Ce projet constitue aujourd’hui un bel exemple de pédagogie active, mêlant autonomie, communication scientifique et valorisation des apprentissages. Malgré le succès reconnu par l’ensemble du département et les retours très positifs des étudiants, l’expérience a pris fin lorsque le module a été repris par un autre enseignant, mettant ainsi un terme à cette démarche pourtant largement appréciée pour son dynamisme et son impact sur la motivation des étudiants.

Projet de généralisation de l’utilisation des BVE

Ce projet vise à intégrer progressivement l’approche de la pédagogie inversée dans les cours en amphithéâtre du département d’informatique de l'IUT, en s’appuyant sur les boîtiers de vote électroniques (BVE). L’objectif principal est de rendre les étudiants plus actifs dans leur apprentissage, en les plaçant au cœur du processus pédagogique, plutôt que de les laisser passifs face à un cours magistral. Avant une généralisation à l’ensemble des modules, plusieurs enseignements pilotes ont été sélectionnés afin d’expérimenter cette démarche et de sensibiliser les enseignants à l’usage de ces outils.

Les BVE permettent à l’enseignant de poser des questions en temps réel et d’obtenir immédiatement une vision globale des réponses de toute la promotion — bien plus représentative que les rares mains levées habituellement. Ce retour instantané offre la possibilité d’ajuster le cours en direct, de revenir sur une notion mal comprise, ou au contraire de confirmer la bonne assimilation des concepts par les étudiants.

Ces dispositifs présentent également un intérêt psychologique et social : ils permettent aux étudiants d’évaluer leur propre niveau par rapport au groupe sans craindre de se distinguer, qu’ils aient juste ou faux. En supprimant la pression du regard des autres, les BVE favorisent une participation plus large et plus sincère. Le côté ludique et interactif renforce par ailleurs l’attention et l’engagement pendant les séances.

Les premiers tests menés dans certains enseignements du département informatique de l’IUT Nice Côte d’Azur ont été concluants. Cette méthode, particulièrement adaptée à un public post-bac qui découvre l’université, a montré son efficacité pour stimuler l’attention, la compréhension et la mémorisation. Fort de ces résultats, le projet de généralisation, déposé en 2016, a été validé par la CFVU, ouvrant la voie à une diffusion plus large de cette approche dans d’autres modules. Une première journée de formation aux BVE a déjà eu lieu, suivie de plusieurs sessions complémentaires destinées à accompagner les enseignants dans l’intégration de ces outils. Les supports de formation sont accessibles en ligne pour encourager leur appropriation par l’ensemble de la communauté pédagogique.

Projet d’introduction au Web

Le projet d’introduction au web, mené en collaboration avec Philippe Renevier a été soumis au programme Pédagogies innovantes 2016 de l’Université et a depuis été validé par la CFVU. Son objectif est de créer un ensemble complet de ressources pédagogiques multimédias (vidéos de cours, illustrations, exercices en ligne, etc.) destinées à l’enseignement des fondamentaux du web — HTML, CSS et concepts associés — auprès des étudiants débutant en informatique.

Ces ressources sont conçues sous la forme de chapitres indépendants, permettant une grande flexibilité d’utilisation. Chaque formation peut ainsi sélectionner les modules pertinents pour composer son propre parcours. L’ensemble sera intégré dans un SPOC (Small Private Online Course), c’est-à-dire un cours en ligne restreint à un public ciblé, offrant un meilleur suivi pédagogique qu’un MOOC ouvert.

L’approche retenue vise à favoriser la mutualisation et la réutilisation des contenus entre plusieurs composantes universitaires. Si le projet a d’abord été initié par Philippe Renevier (UFR Sciences) et moi-même (IUT Nice Côte d’Azur), nous avons rapidement souhaité élargir la collaboration afin que ces ressources profitent à un plus grand nombre d’enseignants et d’étudiants. Trois composantes de l’Université participent désormais au projet : l’IUT Nice Côte d’Azur, Polytech’Nice Sophia et la licence professionnelle IMAPP de l’UFR LASH.

L’objectif à long terme est double : d’une part, rendre l’apprentissage du web plus accessible, interactif et cohérent pour les étudiants débutants, et d’autre part, encourager la mutualisation des pratiques pédagogiques au sein de l’Université.

Si les SPOC resteront internes à l’établissement, les vidéos de cours seront diffusées publiquement sur différentes plateformes, afin de valoriser les productions pédagogiques et de contribuer à la diffusion des savoirs numériques auprès d’un plus large public.